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A l’occasion de l’installation de nouveaux fonds de films pour la jeunesse dans les médiathèques du réseau et de la tenue du Festival National du Film d’Animation du 7 au 20 avril prochain, revenons sur quelques dates clés de l’histoire du cinéma d’animation.

L’animation est à l’origine du cinéma. Animer, c’est en effet « donner l’illusion du mouvement » à partir d’une suite d’images fixes. On décompose un mouvement en une série de dessins qu’on projette ensuite si vite que l’œil ne perçoit pas séparément chaque phase du mouvement, mais un mouvement continu. C’est sur ce principe qu’ont été inventés les jouets optiques, puis les pantomimes d’Émile Reynaud et enfin les photographies animées des frères Lumière. 

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 🔶SOMMAIRE :

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 🔶1892 : le théâtre optique d’Emile Reynaud

En 1892 a lieu la première séance publique du théâtre optique d'Émile Reynaud, au musée Grévin à Paris. On y projette, grâce à une lanterne magique, des « pantomimes lumineuses », véritables dessins animés de 5 à 10 min, qui connaissent un immense succès jusqu'en 1900.
On avait déjà animé des images, mais uniquement de façon cyclique avec les jouets d'optique tels que le zootrope, le thaumatrope ou le praxinoscope. Le théâtre optique permet la création de scènes dont la durée ne dépend que de la patience de l'artiste qui doit dessiner chaque image (les bandes de Reynaud sont constitués de plus de 500 images !).
On parle d’animation mais pas encore de cinéma, puisque ce dernier n’existe pas encore.

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Zootrope Thaumatrope Praxinoscope Lanterne magique

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 Théâtre optique d’Emile Reynaud   Flip book

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 🔶1895 : Naissance du cinéma inventé par les Frère Lumière

 🔶1896 : Georges Méliès, forain de métier, découvre l’effet de trucage :

en arrêtant puis en relançant la caméra, il crée les premiers effets spéciaux (escamotages, métamorphoses…) 

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 🔶1908 : Fantasmagorie d’Emile Cohl

Fantasmagorie est considéré comme le premier dessin animé « cinématographique » réalisé dans le monde, même s'il n'est pas, à proprement parler, le tout premier film d'animation de dessins projeté. Ainsi, pour la première fois l'image par image n'est pas utilisée pour créer des effets spéciaux mais pour raconter une histoire.

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 🔶1911 : Winsor McCay

Auteur de bandes dessinées, l’Américain Winsor McCay se lance seul dans l’animation de son personnage Little Nemo, puis dans la réalisation de Gertie le dinosaure en 1914.
Il est l’un des premiers cinéastes à utiliser la boucle : il dessine un mouvement qui boucle sur lui-même pour pouvoir le répéter sans avoir à le redessiner.

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Après les expérimentations des pionniers, l’animation s’industrialise, grâce notamment à plusieurs inventions :

🔶1914 :

Le Québécois Raoul Barré met au point la perforation standard des feuilles de dessin ainsi qu’un système permettant de ne pas avoir à redessiner à chaque image les parties immobiles. Earl Hurd, de son côté, fait breveter le « cel process », encore utilisé : on dessine les parties mobiles sur des feuilles de celluloïd transparent, appliquées sur les décors peints une fois pour toutes

🔶1915 : Rotoscopie

Les frères Fleischer inventent le rotoscope, technique qui permet de dessiner sur des images en prise de vues réelles et d’obtenir ainsi une animation réaliste. Ils utilisent ce procédé notamment pour leur long métrage « Les voyages de Gulliver ».
La technique est très vite récupérée par Disney, par exemple sur Blanche Neige et les sept nains en 1937.

 

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 🔶1917 : premier Long métrage d’animation

La satire politique El Apóstol, de l’Argentin Quirino Cristiani, est à ce jour le premier long métrage d’animation répertorié. D’autres longs métrages sont réalisés en Argentine, dont Peludópolis, premier long métrage d’animation sonore, mais aucun n’a été conservé.

 🔶1919 : apogée des séries d’animation

Félix le chat est la plus populaire des premières séries animées, avant l’arrivée de Mickey. Créé en 1919, ce personnage devient la première star mondiale de l’animation, la première aussi à générer des produits dérivés.

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 🔶Années 20 : Les avant-gardistes du film d’animation

Au début des années 1920, en Allemagne, des peintres, graphistes, architectes, s’emparent du cinéma, notamment pour expérimenter les rapports entre l’image, la couleur et la musique.

En France ce sont des artistes proches du surréalisme qui utilisent l’animation pour leurs expérimentations visuelles, par exemple Fernand Léger, Man Ray, ou Marcel Duchamp.

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 🔶1926 : « Les aventures du Prince Ahmed » de Lotte Reiniger

En 1926 sort Les Aventures du prince Achmed, premier long métrage d’animation européen. Ce long métrage réalisé par Lotte Reiniger popularise l’animation en papiers découpés. Cette technique sera beaucoup utilisée de la fin des années 1950 au début des années 1980 par des cinéastes comme Piotr Kamler ou Norman Mc Laren. En France, ce procédé sera repris par le réalisateur français Michel Ocelot dans différents courts métrages ainsi que dans son film Princes et Princesses (2000)

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Les aventures du Prince Ahmed

Princes et princesses

 🔶1928 : Walt Disney

mickeyEn 1928 sort un des premiers dessins animés sonores, Steamboat Willie. Il s’agit de la première apparition publique de Mickey. Disney devient pour longtemps l’unique référence en matière de dessin animé grand public concurrencé uniquement par les Frères Fleischer (Popeye, Betty Boop…)
Walt Disney ouvre une école pour former ses propres animateurs et accentue la division du travail : à partir du storyboard, les dessinateurs se servent de « feuilles de modèle » (model sheets) pour dessiner les poses clés, puis les poses principales de chaque plan. Les intervallistes se chargent des phases intermédiaires, tandis qu’on confie à d’autres l’encrage, la mise en couleur, ou encore la prise de vues sur banc-titre.

  

 

 

 🔶1930 : Le films de marionnettes

C’est le cinéaste Ladislav Starevitch qui donne à ce procédé ses lettres de noblesse. D’origine russe, arrivé en France au début des années 20 en banlieue parisienne, il va créer, aidé de sa fille aînée Irène, toute une série de films d’animations remarquables dont Le roman de Renard est le plus connu. Ainsi, dans son pavillon de Fontenay-sous-bois, il va imaginer tout un univers peuplé de marionnettes étranges, poétiques qu’il crée lui-même (principalement des animaux).
Par la suite, la Tchécoslovaquie, de par sa tradition de spectacle de marionnettes, devient le pays phare pour cette technique, avec des cinéastes comme Jiri Trnka.

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Les marionnettes de Starevitch

 

 🔶1933 : L’écran d’épingles

Technique extrêmement rare, l’animation à l’écran d’épingles est inventée par le graveur d’origine russe Alexandre Alexeïeff et sa femme Claire Parker pour Une nuit sur le mont chauve en 1933.

Démonstration d’animation sur écran d’épingles par Michèle Lemieux 

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 🔶1940 : l’âge d’or du cartoon

bipbipLe cartoon est un film d'animation souvent décliné en courts métrages mettant en scène essentiellement des animaux dans des duels reproduits à l’infini (Bib-bip et Coyote, Bugs Bunny….)
Les cartoons utilisent généralement l’humour, l'exagération, la caricature et surtout l’imagination.

 

 

 🔶1946 : Tex Avery

texaveryAprès avoir fait ses armes chez Warner, Tex Avery connait sa période prolifique à la MGM, entre 1942 et 1954. Bien qu’il s’adresse aussi au grand public, il fait figure d’anti-Disney pour plusieurs raisons : refus du réalisme pour exploiter au maximum les possibilités du dessin animé ; refus de la bienséance au profit de personnages grossiers et vils, d’histoires féroces.

 

 

 

 

 

 🔶1942 : Office National du Film du Canada

Créé en 1939, l’Office National du Film du Canada ouvre un secteur animation en 1942. Les réalisateurs jouissent d’une totale indépendance. Libérés du souci de rentabilité, ils travaillent dans le sens de la recherche et de l’expérimentation, tout en véhiculant des valeurs humanistes. L’ONF accueille des cinéastes du monde entier : Lotte Reiniger, Paul Driessen, GeorgesSchwizgebel…
La figure majeure de l’ONF reste le prolifique et inventif Norman McLaren, récompensé par une palme d’or à Cannes pour Blinkity Blank en 1955.

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 🔶1963 : Astro boy sort au Japon

En 1963 sort le premier épisode de la série Astro Boy, réalisée par Osamu Tezuka à partir de son propre manga. Au Japon, cette date marque le début de la production massive de séries, qui s’exporteront à partir de la fin des années 1970.
La qualité et la diversité de l’animation japonaise sera surtout reconnue dans les années 1990, grâce aux sorties des longs métrages de Isao Takahata et Hayao Miyazaki, qui remportera l'ours d'or à Berlin pour Le Voyage de Chihiro en 2002.

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Le voyage de Chihiro

 🔶1982 : les débuts de l’image de synthèse

En 1982 Disney produit Tron, échec commercial qui marque néanmoins les débuts de l’utilisation grand public de l’image de synthèse générée par ordinateur qui devient vite la norme des longs métrages d’animation aux Etats-Unis.

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 🔶1989 : reconnaissance de la technique de la pâte à modeler

wallaceetgromitLa pâte à modeler, déjà utilisée par des cinéastes comme Garri Bardine avec la série La nounou, connait un succès plus large et durable grâce aux Anglais du studio Aardman, créateurs de la série Wallace & Gromit en 1989.

 

 

 

 

 🔶1995 : sortie de Toy story (Studio Pixar)

toystoryEn 1995, le succès de Toy Story, réalisé entièrement sur ordinateur, sonne le glas, dans l’industrie américaine, du dessin traditionnel.

 

 

 

 

 

 🔶1998 : sortie de Kirikou et la sorcière de Michel Ocelot

En 1998, le succès de Kirikou et la sorcière montre que l’animation traditionnelle a encore sa place. Suivi par celui des Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet (2003) et de Persepolis (2007) de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, adressés à un public plus âgé, il révèle aussi la qualité de l’animation française et favorise une production plus régulière que les succès isolés des années 1970-80 (La Planète sauvage de René Laloux, Le Roi et l’oiseau de Paul Grimault ou Gwen, le livre de sable de Jean-François Laguionie).
Si elle s’exporte moins que les films japonais ou américains, l’animation française est reconnue à l’international grâce notamment à des écoles (Gobelins, Poudrière), des studios indépendants (La Fabrique, Folimage) et des aides de l’État qui favorisent l’émergence de nombreux talents, en particulier dans le court métrage et les séries.

 🔶Années 2000 : mondialisation du cinéma d’animation

La Corée du sud (pour les mangas), les Philippines et l'Inde prennent une grande place dans les coproductions, notamment du fait du faible coût de leur main d'œuvre alors que l'on voit surgir de très beaux longs métrages venus de pays d’Afrique ou d’Amérique du sud comme le Brésil et l’Argentine (Mercano le martien de Juan Antin en 2001, Le garçon et le monde d’Alê Abreu en 2014 ou Tito et les oiseaux en 2019 pour ne citer qu’eux)

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 🔶Pour compléter ce petit tour d’horizon, voici une sélection de films à emprunter sur le réseau :


En ces temps de « déconfinement », il nous semble assez opportun de revenir sur le genre du road movie au cinéma, genre qui insuffla un nouveau vent de liberté sur les écrans…

Le road movie (littéralement « film routier ») est un genre cinématographique nord-américain dans lequel le fil conducteur du scénario est un périple sur les routes et à travers de vastes espaces avec pour moyen de locomotion la moto, comme dans Easy Rider (1969), ou l'automobile, comme dans Thelma & Louise (1991). En général, cette errance se termine plutôt mal que bien !

En littérature, le road-movie correspond au roman picaresque.
L'expression apparaît aux États-Unis dans les années 1960 avec la sortie d'Easy Rider de Dennis Hopper en 19693 même s’il y ‘a des films précurseurs du genre, notamment en Europe, comme Pierrot le fou (1965) de Jean-Luc Godard.

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Easy rider / Dennis Hopper (1969)       Pierrot le fou / Jean-Luc Godard (1965)     Thelma et Louise / Ridley Scott (1991)

 

Le road-movie devient un genre lors la période de contestation sociale qui marque la fin des années 60 aux Etats-Unis. Il s'identifie étroitement à la jeune génération qui s'oppose au Viêt-Nam, prend conscience du problème noir, se rend à Woodstock et lit Jack Kérouac.
Fruit d'une idéologie contestataire, celle de la contre-culture, le road-movie demeure pourtant ancré dans l'identité américaine ; probablement parce que la critique de la jeunesse esquisse en creux le portrait de la société. Et, parce que cette société n'aime pas sa jeunesse, le road-movie témoigne d'un mal de vivre, concluant amèrement à une impossibilité de la liberté.
L’errance a souvent une issue pessimiste. Il faut dire que le road movie n'est pas un voyage d'un point de départ à un point d'arrivée. Il s'agit, d'une part, de fuir alors que, d'autre part, on ne connaît pas le but voyage. Cette recherche est plus temporelle que géographique. Il s'agit de rechercher au fond de soi-même. Or, se chercher soi-même exclut l'idée du happy end qui suppose que l'on a tout compris, que l'on a tué les méchants ou construit un couple ou une société.

Dans Easy Rider, qui décrit les aventures de deux motards appartenant à la contre-culture des années 1960 auxquels se joint un troisième personnage qui est tombé dans la marginalité, Dennis Hopper s'interroge sur la fiabilité de leur mode de vie. Comme ils sont assassinés tous les trois, on peut dire que le film se termine sur une note pessimiste.

Le road movie a pour fonction également de réaffirmer le rôle de l'automobile comme pur moyen de mobilité individuelle et comme symbole de liberté. Symbole de la modernité, la voiture permet en effet l’accès à des paysages sauvages, loin des villes…

A la fin des années 70, Wim Wenders (de Alice dans les villes à Paris-Texas) ou Ridley Scot en 1990 (Thelma et Louise) perpétueront la tradition du road movie.

Certains cinéastes vont s'emparer du road movie pour lui trouver une vocation positive : survient, sur la route, une relation entre les personnages qui n'aurait pu avoir lieu sans le temps pris à voyager. La découverte de soi-même se fait au contact des grands espaces ce qui permet au plan personnel de réintégrer la société et constitue une forme de rédemption.
Cette vision triomphera en 2006 avec le succès du film Little miss Sunshine.